Le Queyras en hiver : de la république des Escartons au royaume de la rando
On ne fait pas toujours ce qu’on veut…. J’aurais bien aimé faire le Vercors, début février, revoir la montagne en plein hiver, froide sous une forte couche de poudreuse. Mais le calendrier ne l’a pas permis.
La montagne m’a donc accueilli dans la deuxième décade de mars, sitôt les vacances scolaires finies. Où ? L’envie de retourner dans les alpes du sud, oubliées depuis plusieurs années, ce sera donc le Queyras. Ceci dit, il y avait plus de neige à 1000 m dans le Vercors à qu’à 2000 dans le Queyras…
La localisation et location. Originellement, je visais Aiguilles, chef lieu central du Queyras, avec sa cascade de glace et son DVA parc, l’un des très rares de France à être en accès libre, sans devoir payer un forfait pour y accéder.
Et puis finalement, j’ai craqué pour la Résidence du Viso, à Abriès, et je ne regrette pas. Abriès est aujourd’hui le village le plus vivant du Queyras, la résidence, pas plus cher qu’une location de particulier quand on passe par un tour opérateur (skigloo, qui se veut le casseur de prix) et qu’on attend un peu les promos -puisque les promoteurs ont vu un peu grand- permet d’avoir un accès internet, propose de beaux appartement, et -surtout- une piscine (disons un grand pataugeoire mais qui permet de faire 2 brasses et de se dégourdir les pattes) avec jacuzzi gratuit et un spa en option.
Pas plus cher qu’un particulier, c’est d’ailleurs un problème de concurrence peu loyale pour les autochtones.
Que faire ? Marcher ? Oui, certes, mais j’espère bien arriver -enfin- à dompter des skis de randonnée, que ce soit à la montée (ça, ça peut aller) ou à la descente (en ski, ce n'est pas un plaisir). Et le Queyras regorge de sites pas trop raides pour débuter le ski de rando.
Voilà 15 jours qu’il n’a pas neigé, les températures sont clémentes mais pas trop chaudes et un anticyclone a pris ses quartiers sur la France pour la semaine. Il sera délogé par un front froid en fin de semaine.
J0 - vendredi 6 mars - Route Les photos du col du Lautaret et de Briançon
Comme d’habitude, mais pas un chat pour passer Grenoble et la route du Lautaret. Grace à un départ matinal j’ai pu prendre l’air au Lautaret et me balader à proximité du jardin alpin vers la table d’orientation. Accessoirement, au col, il y a aussi un "sport" de snowkite, surf des neiges.
Une fois installé à l’hôtel de Paris, à Briançon, départ pour le traditionnel tour de la vielle ville, avec le pont d’Asfeld à la frontale. Malheureusement la route menant au fort des Trois têtes était trop verglacée pour être pratiquée sans crampon ou, du moins, semelles rigides.
J1 - Samedi 7 mars - Ski Quelques photos du sommet des pistes
Départ de bonne heure de Briançon pour louer les skis, se réhabituer un peu à ces engins là avant 10h30, début de 2 heures de cours.
Ce furent deux heures fructueuses, à "planter le bâton" sur le côté extérieur des pistes, pour pouvoir aborder le ski de rando dans la sérénité. Sur piste tout va bien, la monitrice était confiante...
J2 - Dimanche 8 mars - Col Agnel topo
Départ pour le col Agnel par la route. Elle est longue la route et, même avec une bonne condition physique, ils sont lourds ces boulets qu’on appelle des skis à trainer.
Finalement, après 3 heures d’effort (c’est pas terrible mais c’est pas nul, enfin le col, exténué comme je l’ai rarement été. L’idée de pousser jusqu’au col vieux a été abandonnée depuis longtemps.
Commence la descente et là ça se complique : le virage sauté avec les cuisses occises et le sac, ça marche beaucoup moins bien forcément...Malgré le départ pas tardif, la neige est déjà molle et l’appréhension fait se mettre en arrière, les skis ne sont plus contrôlables, etc.…il y a encore du travail !
Le soir, je n’ai jamais dû aller dormir aussi tôt....
J3 - lundi 9 mars - Col Longet, en direction de l’observatoire topo
La nuit porte conseil. L’observatoire de Château Renard, auquel j’ai depuis longtemps envie d’aller, en ski, ce sera pour plus tard ; ce sera donc en raquettes.
Lever assez tôt pour comparer les loueurs de raquettes et attendre l’ouverture. Exit les TSL, avec leurs tailles de guêpes bizaroïdes : vive des Inook, enfin des raquettes qui permettent de marcher avec les cuisses en droites, qui offrent de la portance et ne sont pas trop pénalisant quant au débord arrière.
Je n’avais pas assez révisé le topo. Arrivé au col, je n’avais pas fait attention que, pour rejoindre l’observatoire, il ne fallait pas tout de suite monter vers la ligne de crête mais descendre de 100 m pour, plus loin, rejoindre un chemin. Je me suis donc retrouvé en fâcheuse posture dans une traversée. De toutes façon, le col + le pic ça aurait quand même fait beaucoup.
Le soir, balade au crépuscule dans Abriès.
J4 - Mardi 10 mars - Observatoire - Pic de Château Renard topo
Si ça ne passe pas d’un côté, alors ça passera de l’autre. Direction donc Saint Véran. Il ne faut pas attendre plus tard si on veut un beau panorama : petit à petit, le ciel va commencer à se charger pour de la neige en fin de semaine.
Dure mais belle randonnée.
Le soir, initiation à la cascade de glace, à Aiguilles. Enfin, depuis le temps que je voulais tester. Et c’est sans regret : vraiment ludique, mais si physique que ça ; plus rassurant que l’escalade dans la mesure où il n’y qu’à planter un pied où on veut pour avoir une prise. Il faut juste faire attention aux crampons : deux accros dans le pantalon (réparés).
Entre temps, visite de Ristolas, où il n’y a pas grand-chose à voir sinon le très beau musée de l’arche des cimes avec une somptueuse collection taxidermiste.
J5 - Mercredi 11 mars - Sommet Bucher topo
Grand classique du secteur, qui a l’avantage de ne pas être trop longue. Et toujours la montée sur Molines, comme tous les jours….
Le sommet Bucher, bof, surtout quand il y a un groupe (caf ?) qui pense utile de parler fort, voire de chanter au sommet…
C’est pas tout, mais il paraît que la montagne l’hiver, ça s’appelle "le ski". La fin d’après-midi sera donc consacrée à retourner faire quelques exercices de virages sautés et de plantés de bâton. Mais ça fait plusieurs jours qu’il fait chaud (malgré un bon regel nocturne) et en fin d’après midi, hors des pistes, c’est de la soupe : impossible d’y faire quoi que ce soit. De toutes façons, le bonhomme sent que les cuisses sont passées en mode tracteur, pour être souple sur les skis, ce n’est plus ça.
Point amusant : je me suis retrouvé à prendre le télésiège avec un pisteur secouriste de Saint Véran et qui avait fait une apparition dans le C’est pas sorcier consacré à cette ville. On a parlé de l’émission une bonne partie du trajet. Un bon souvenir pour lui.
J6 - jeudi 12 mars - Vers les chalets de Clapeyto
Les raquettes c’est très bien, mais il y a toujours des skis dans le coffre. Nouvelle tentative de ski de rando à Brunissard, vers les chalets de Clapeyto puis, normalement, vers le col de Néal.
La montée commence par traverser le domaine de ski nordique puis prend une piste carrossable. Même si je me suis fait doubler, le rythme n’est pas trop mauvais et les muscles vont bien.
Arrivent les premiers chalets. Je crois que ce sont ceux de Clapeyto, en fait ce sont ceux de l’Eychaillon. Je crois qu’il faut partir sur la droite, en fait il faut partir sur la gauche. Il faut donc redescendre une quarantaine de mètres Il est encore assez tôt pour que la neige soit un minimum croutée. Le blocage : trop de pression à se demander si je vais y arriver ? Pourtant la pente est facile… non trop d’appréhension….
Une fois revenu aux chalets, pour partie à pied, retour par la route carrossable et direct retour au magasin pour rendre les skis : je crains d’abandonner toute idée de faire un jour du ski de rando.
L’après-midi sera consacrée à aller se balader à Ceillac, par un superbe ciel bleu.
On annonce de la neige pour samedi et dimanche ; selon les sources parfois 80 cm, parfois entre 10 et 20…une idée commence à germer : rester le samedi, trouver un hébergement pour le samedi soir, histoire de voir la neige tomber et la montagne hostile.
J7 - vendredi 13 mars - Chalets le Clapeyto, vers le col de Néal, col de la Rousse topo
C’est comme pour l’observatoire, nouvelle tentative, mais en raquettes, voire en crampons.
Parce que les raquettes, c’est bien quand il faut porter dans la neige. Quand il y a eu tellement de passage que la neige est tassée, on passe aussi bien avec des crampons adaptés de barrettes souples. Par ailleurs, dans les dévers ou pentes un peu raides, on a une meilleure accroche.
Si le col de Néal se retrouve dans les topos, il semble peu parcouru de sorte que la trace finisse par se perdre, au profit d’une retournant aux chalets de Clapeyto. Tant pis, ce fut tout de belle une belle journée, avec , pour le seul plaisir de grimper, le col de la Rousse.
A la descente, au profit d’une accumulation de neige au pied d’un toit de chalet, petit exercice de trou à neige.
Ouf, vaut mieux prévoir et ne pas déjà être à bout de force : une bonne vingtaine de minutes, dans une neige on ne peut plus facile, pour creuser quelque chose dans lequel on tient tout juste en chien de fusil. Et dire que c'est à peu près le même volume à déblayer pour dégager quelqu'un d'une avalanche.
Et au niveau des vêtements, il vaut mieux les prévoir (vraiment) imperméables, y compris les gants. D’ailleurs mon idée de manœuvre (gants "mapa" (20g) avec deux paires sous-gants pour la protection thermique a donné pleinement satisfaction. Il manquait juste des élastiques aux manches et à voir avec des XXL pour les adapter au dessus de gants normaux.
Arrive l’heure du ménage de fin de semaine. Finalement, le retour d’est annoncé fait pschitt, ou alors pas avant dimanche midi. Le réseau internet est en panne donc pas possible de finaliser la recherche d’une chambre pour le samedi soir. Donc le retour sera samedi mais…pas matin
J8 - Samedi 14 mars - Lac Egorgéou topo
J’ai quand même un peu envie d’attendre la neige avant de partir. Pour changer de direction, je vais au lac Egorgéou, sur la route duquel on peut voir des chamois (un chamois, sur la colline en face, au même endroit que quand j’avais fait la sortie chamois en janvier 2012…).
Il neigeote. Ce sera tout pour moi. Les raquettes sont rendues et en route : il y a tout de même 850 bornes et une petite dizaine d’heures de route……..
De la pluie au niveau de Briançon mais pas de neige au Lautaret : juste un peu de brouillard.
Au final, une belle semaine sportive avec que du soleil ou presque (et pas un coup de soleil) qui a donné des idées pour cet été…
Quelques souvenirs des villages du Queyras (cliquer sur l'image)
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