La Maurienne pleine de neige
Troisième fois que je pars à la montagne l’hiver, dont deux où il n’avait pas neigé depuis des lustres. Vais-je enfin connaître l’hiver alpin dans toute sa dimension ?

Hiver alpin dans toute sa dimension, certes, mais avec l’espoir d’éviter la vague de froid de l’hiver précédent qui avait fait  chuter le mercure à -30 °C à Bessans ou la grisaille du milieu du mois de janvier, lorsque le soleil est encore au plus bas.

Direction donc la montagne mais juste avant la première vague de vacanciers, à la mi-février. Où ? Retour en Maurienne évidemment.

L’hiver promettait d’être enneigé, il battit même tous les records…la contrepartie c’est que soleil et ciel bleu deviennent de grands inconnus !

J1 : Vendredi 8 février - Chambéry : retour aux sources

Les vacances commencent chez le toubib : l’épidémie grippale est féroce et je n’arrive pas à me débarrasser d’une grosse sinusite. Pour le reste, du goudron autoroutier, ça reste du goudron autoroutier.

La nuit à Chambéry permet de retrouver sa jeunesse, celle avec l’arrière grand-mère et la rotonde qui m’intriguait tant.



J2 : Samedi 9 février - Ski….


Journée qui s’annonce compliquée : non seulement il faut se sortir des échangeurs routiers chambériens qui n’indiquent pas la direction de la Maurienne mais en plus il est prévu de…skier !

J’ai une pensée pour tout ceux, avec leur bonnet de bouffon sur la tête, qui avaient loué des skis de piste : la queue allait jusqu’au fond du magasin. Pour les skis de rando, c’était en face qu’il fallait aller, là où il n’y avait personne… (et en plus super sympa le gars d’Intersport).

Après la foule dans le magasin, deuxième difficulté de la journée, la température : environ -10°C à 11h00 dans la station et affiché -20°C au sommet des pistes, soit -30°C ressenti à la descente !

Les gants en Thinsulate 40g et le simple empilement de deux polaires d’été ont connu leurs limites mais, en ne s’attardant pas, ça aurait pu être pire. Sur les skis aussi ça aurait pu être pire : c’est comme le vélo, la base revient vite.

Entre-temps, deux heures pour appréhender les bonnes bases du ski de rando avec un guide.

J2 : Dimanche 10 février - un frigo nommé Ecot topo

Brrrrrr : -12°C au thermomètre de la voiture en partant, mais…il faisait encore bon : direction Bonneval-sur-Arc, où le même thermomètre afficha
-18°C sur le parking ! Au moins on peut laisser les surgelés dans la voiture.

Ouvrir la porte de la voiture se fait dans une certaine appréhension mais l’air étant très sec le froid est étrangement supportable.

Après avoir loué le kit DVA-sonde-pelle direction L’Ecot et la Duis.

Pour bien maîtriser le « glissé » il y a encore du travail. Résultat, je fais des petits pas, je gaine les jambes et m’essouffle. Aller jusqu’à la Duis sera pour plus tard, d’autant plus que, avant, j’avais fais un crochet par Trièves.

Avec la neige, on apprécie mal les distances et la topographie….

J3 : Lundi 11 février : Avérole : Avé les nuages Topo

Les nuages ont également décidé de passer la semaine dans la Maurienne, ils sont accompagnés de la neige….

Ce jour, direction le hameau d’Avérole, à travers le domaine nordique de Bessans. Ce n’est pas que la vallée soit longue, mais elle est trop plate pour glisser à la descente (à peine 5 %) : aller-retour avec les peaux…Ce fut d’ailleurs l’occasion de comprendre qu’il fallait ouvrir les chaussures pour bien glisser…

Il arrive un moment où, même avec les skis, dans la poudreuse, on ne passe plus. Quand, par ailleurs, on ne voit plus qu’à quelques dizaines de mètres et qu’autour tout est du même blanc, qu’il s’agisse de la neige tracée, poudreuse, du ciel, il est temps de faire demi-tour.

On voit d’ailleurs à l’état de la voiture qu’il a bien neigé et les chaines ont été inaugurées, la route n’étant pas déneigées au delà de Bessans.

Si Avérole n’a pas été atteint, tout n’a pas été perdu : un gros tas sous un enneigeur fut l’occasion de s’entrainer au trou à neige. Ce n’est pas sorcier  mais pour y tenir confortablement il y a tout de même du boulot.  Et attention à bien avoir une paire de gants de rechange ! Accessoirement, l'attrait touristique est garanti....

J4 : Mardi 12 février : Des pistes à l’Esseillon Topo

Décidemment, les nuages ne veulent pas se lever. La matinée se déroulera donc sur les pistes. Avec le brouillard, à la Ramasse, on ne voyait même pas les balises de bord de piste. Feux rouges antibrouillard obligatoires, et cap de la…piste rouge franchi.

Dans l’espoir d’une éclaircie sur Aussois, direction les Forts de l’Esseillon l’après midi. Certainement plus pratique en raquettes qu’en ski, mais sympa quand même.

J5 : Mercredi 13 février : Les barrages d’Aussois, un Plan Sec Topo

Aaaahh, le ski de rando, l’image des grands raids, l’impression que l’on pourra sillonner toute la montagne et ensuite simplement se laisser glisser jusqu’en bas….

Jusqu’à présent, les raids se sont limités à quelques kilomètres sur des routes carrossables et sans dénivelé…

Cette fois ci, c’est sûr, je vais jusqu’en haut, jusqu’en haut du domaine d’Aussois et certainement vers les refuges bordant le lac de Plan Amont…

Le premier de ces refuges, celui de Plan Sec, m’a suffi. Et dire qu’en été, 7 km et 1000 m de D+ c’est presque de la mise en jambe.

Une fois encore, les nuages ont joué la valse. Présents, on se perd sur une piste, absents, ont peut enfin admirer un magnifique ciel bleu.

J6 : Jeudi 14 février 2013 : Une base polaire avec vue sur les pyramides Topo

Enfin…UNE pyramide, celle du mont Cenis. Son col sert de base polaire à la grande Odyssée. L’idée de ce lac gelé et enneigé, de cette grande étendue blanche, a de quoi faire rêver à un paysage polaire.

Toutefois, les pistes balisées du col cassent l’effet, tout comme les pourtours du lac dont la neige est complètement soufflée, laissant apparaître le bitume.

Soufflée, elle est devenue une sorte de verglas abrasif. Il y a mieux pour avancer.

L’objectif était d’aller jusqu’au barrage. Décidément, les kilomètres en ski sont plus longs et le pique-nique à la pyramide, par -6°C sans compter le vent, aura suffi. Petite consolation : aller retour, avec le trajet jusqu’au télésiège, ça fait tout de même une douzaine de kilomètres avec les peaux.

J7 : vendredi 15 février : le meilleur pour la fin ? Topo "Chemin du petit bonheur"

Fin de semaine et aucun objectif réellement atteint. Celui du jour est de taille mais semble tellement simple sur la carte : le col de l’Iseran, il n’y a qu’à suivre la route !

C’était pensé : en remettant les skis dans la voiture je pouvais rendre le DVA loué à Bonneval-sur-Arc.

La réalité fut différente. A la grande épingle, au dessus de Bonneval, une coulée d’avalanche avait coupé la route de chaque coté.

Si la neige était stabilisée, mon niveau de ski m’incita à ne pas poursuivre à travers ce qui ressemblait à un champ de bataille inskiable.

Celui qui devait bien se marrer, c’était le chamois qui m’attendait au milieu de la route, un peu plus bas.

De toutes façons, des nuages toujours bien bas et menaçants ne m’auraient certainement pas permis d’aller bien haut.

Rien ne se passe comme prévu ? La carte bleue oubliée dans la machine à Bonneval…. Et donc un aller-retour Val-Cenis-Bonneval de gagné ! Et avec une route enneigée à partir de Bessans : au moins pour mettre les chaines à neige, je suis au taquet.

Reste la dernière après-midi, que faire ? Ce que m’avait conseillé le guide : le sentier du petit bonheur. Certes c’est un chemin damé, c’est de la promenade, mais ce n’est…que du bonheur !

Tellement sympa que j’y suis retourné le soir, à pied, histoire de tester la frontale.

J8 : Samedi 16 février : Retour sous le soleil

Bah oui, il faut rentrer, et c’est maintenant que le ciel se dégage…

De l’autoroute, rien de bien particulier sauf que…la veille, la neige s’est accumulée dans les passages de roue jusqu’à les remplir complètement et a regelé la nuit. Je n’avais pas l’air con, à la première aire d’autoroute, avec mon piolet, à essayer de libérer les roues. Je fus même obligé d’en démonter une. Et démonter une roue par -6°C, c’est toujours agréable !


Que retenir de la semaine ?

Que, décidemment, la montagne l’hiver ne m’a jamais inspiré de grands exploits ou que, décidemment, Lanslevillard et la Haute-Maurienne sont plein de charme…

Que la neige, c'est joli au début mais c'est comme le chocolat, il n'en faut pas trop et on en arrive vite à se lever, voir la voiture recouverte de son manteau blanc et se dire "Oh, non, il neige encore..."

Val Cenis et la haute maurienne sont toujours aussi charmants
Rotonde de Chambéry