La Maurienne, muy bien !
Que restait-il comme secteur pour répondre au cahier des charges : de la vraie montagne, une urbanisation maîtrisée sans être pommé au fond d’un trou désert (sans toutefois espérer un Mc Do), assez d’humains pour avoir un minimum de civilisation tout en les fuyants et surtout un endroit central d’où l’on peut rayonner ?

La Maurienne, et surtout la Haute-Maurienne, répond à ces conditions restrictives. Mais où ?

Saint-Jean ou Saint-Michel de Maurienne ? On fait mieux comme villégiature de vacances. Valloire ? Une fois qu’on s’est fait le seuil de Rochilles et la vallée de la Neuvache depuis Valmeinier on fait quoi ? Modane ? Intéressant mais, comme les autres villes de la basse vallée, un peu austère.

Direction donc la Haute-Maurienne. Avec deux cibles : Aussois et Val-Cenis. Le choix a fini par se porter, sans regret, sur Val-Cenis, plus proche de la « très haute-Maurienne » et directement en liaison avec la vallée alors que si Aussois est en position centrale sur une carte le simple fait de rejoindre la vallée par les routes de montagne constitue déjà un bon trajet.

Depuis 1967 les deux villes de Lanslebourg et Lanslevillard se sont réunies pour former la station de Val-Cenis.

Lanslebourg est un peu plus grosse que Lanslevillard mais mono-rue alors que Lanslevillard, malgré les tragédies militaires, conserve le charme d’un paisible village ancestral modernisé.











Quand en plus la météo et la forme se sont tenues pendant tout le séjour, que demander de plus ?

J1 : mercredi 18 juillet : Transhumance vers Saint-Sorlin-d’Arves

Bah oui, il y a toutes sortes de moutons qui voyagent l’été et se font tondre dans certaines étables…. : ceux à 4 pattes et ceux à 4 roues…

Direction Saint-Sorlin d’Arves, sur la route du mythique col de la Croix de fer. Petite halte pour allonger le séjour et découvrir ce secteur qui m’est inconnu.

Et franchement, le paysage est reposant !














J2 : jeudi 19 juillet : Le col de la Croix, sans la bannière - topo


Depuis le col du Glandon, le col de la Croix est une belle classique permettant de plus que de se mettre en jambes, offrant de splendides paysage ainsi que du hors chemin facile.

Du col, on ne manquera pas de pousser faire du tourisme jusqu’à l’impressionnant barrage de Grand-maison.

J3-J4 : vendredi 20 et samedi 21 juillet : le mont Thabor, mont Maudit Tout de même quelques photos

TROIS fois que j’espère pouvoir faire ce tour du mont Thabor en deux jours…

La première lorsque j’ai voulu découvrir le bivouac et tout ce qui va avec : encore 1 m de neige et des trombes d’eau le 20 juin !

Le deuxième : du grand beau temps, arrive l’heure de manger : a bah les lyophilisés sont restés sur le coin du canapé en rangeant le sac…

Enfin cette fois ci, ça devrait aller…

La première halte à Saint Sorlin d’Arves était conçue pour optimiser le calendrier (une rando sur deux jours hors de la période de location, histoire de ne pas perdre des nuitées) et les déplacements (ne pas redescendre la moitié de la vallée une fois à Val-Cenis).

S’il avait initialement été envisagé de dormir au sommet, il s’est révélé que c’était un peu optimiste. Je fus d’ailleurs bien inspiré de monter la tente au lac du Peyron puisque la pluie tomba dès les dernières sardines posées. Tout allait bien jusqu’à un nuage annihilant la visibilité, un monsieur "je sais tout" qui m’a induit en erreur dans l’itinéraire  et -surtout- le cheminement du GR57 qui a récemment changé de sorte que croyant partir vers le col de Valmeinier je suis en fait revenu sur mes pas…

Résultat de la journée : 27 kms !! (et pas de tour mais un aller-retour)

J5 : dimanche 22 juillet : Un fort de Ronce accroché - Topo

Aïe les jambes après la « promenade » de la veille…  L’idée d’aller au col de Sollières me séduit. Phénomène surprenant (quoiqu’assez logique) : alors que le village de Lanslevillard est sous un soleil de plomb (comme si je n’étais pas déjà assez transformé en écrevisse)  une barrière de nuages italiens est bloquée sur la crête du mont Cenis.

Arrivé au col éponyme ça se confirme : les nuages sont fort noirs, aller vers le col de Sollières ne serait d’autant pas une bonne idée que le bonhomme manque d’énergie.…

Ce sera donc le musée du barrage et le fort de Ronce juste au dessus.

Comme quoi qu’en montagne faut toujours être prévoyant : j’ai quand même pris le sac à dos pour monter au fort et j’ai bien fait, la polaire déperlante fut d’un grand secours face au vent glacial et à l’averse de grêle. La frontale fut très appréciée pour aller visiter un bunker italien de la seconde guerre.

J6 : lundi 23 juillet : Le trou de la Lune, avec vue sur le Râteau - Topo

Ouais, bon, on passe les commentaires gaulois, surtout si on y rajoute cette photo…Belle pièce !



Il s’agit de l’arche naturelle dite « trou de la Lune » creusée dans la roche dolomitique du Roc des Corneilles, au dessus d’Aussois, avec vue sur le Râteau d’Aussois.

Superbes paysages, superbe ciel bleu, très belle randonnée, et surtout une rencontre avec…des edelweiss !

J7 : Mardi 24 juillet : Un bouquetin au col d’Ambin - Topo

La photo du topo donnait vraiment envie d’y aller, tant le refuge du col d’Ambin, refuge du Club alpin italien, sorte de cabane de jardin rouge perdue entre les pierriers et les névés, appelait l’attention.

La journée s’annonçait pourtant mal avec toujours une barrière de nuages sur la frontière. Du parking, ou du refuge d’Ambin, dans le vallon, le plafond nuageux semblait vraiment trop bas et puis, finalement, au fur et à mesure que je montais, il semblait monter aussi jusqu’à laisser apparaître un ciel bleu et dégagé une fois arrivé au sommet.

Du brouillard est surtout apparue, montant tranquillement la pente pour aller se coucher au dessus du refuge, une étagne (femelle du bouquetin).

J8 : Mercredi 25 juillet : Des marmottes aux Evettes

Après le mont Thabor, autre chimère : une course d’alpinisme…

Enfin, ça va le faire : la pointe de Francesetti, réputée pour être une belle course d’initiation.

La matinée fut consacrée à la traditionnelle « sortie marmotte », avec plein de marmots, des humains (beurk) mais finalement pas plus de marmottes que d’habitude. M’enfin, prendre le temps de regarder la montagne sans regarder en même temps le chrono c’est bien aussi…

En fin d’après-midi, direction le refuge des Evettes pour un bon repas et une nuit meilleure que je ne la craignais.

J9 : jeudi 26 juillet : Pointe de Francesetti, une journée au sommet - topo

Enfin, journée ? Lever à 3h50 du matin, départ à 4h36, voilà des horaires que je n’avais pas tenus depuis trèèèèèèèèèèèès longtemps ! Une chose est vraie : qu’est ce qu’elle est belle la lumière au lever du jour !

Sinon, un peu déçu par la course où j’espérais en apprendre plus. J’ai toutefois eu la confirmation d’une chose : un groupe est facteur de temps d’inertie extrêmement importants avec des pauses à rallonge : là où une pause pipi dure 30 seconde, chacun -à son tour- a l’idée de boire un coup, enlever sa polaire, remettre sa polaire, en profiter pour aussi y aller, faire une photo, etc.

Par beau temps, le panorama final fait tout de même oublier ces désagréments.

J10 : vendredi 27 juillet : Tourisme à Tignes

Voilà une semaine que je crapahute, 120 km et 8000 m de dénivelé positif au compteur. Alors aujourd’hui ce sera du tourisme autoporté : col de L’iseran, Val-d’Isère, Tignes et son barrage.

Juste quelques kilomètres dans les gorges du Malpasset, en direction du refuge du Prariond dans l’espoir de croiser des bouquetins mais pas une corne à l’horizon, jusqte quelques marmottes.

Accessoirement, dans la catégorie des trucs à la con, j’ai fait mon petit tour de sansas’sphère , sympa.

J11 : Samedi 28 juillet : Tourisme de pierre et de fer

Une perturbation était annoncée pour la fin de la semaine, mais, au fil des bulletins météo, la « mauvaise journée » variait. Finalement c’est cette journée qui devait être pluvieuse du matin au soir. Direction donc les forts de l’Esseillon, pour une journée « musées et sites historiques ».

A la sortie de la redoute Marie-Thérèse le ciel laisse espérer une large éclaircie pendant toute l’heure du déjeuner. Vite, direction un loueur de matériel de via ferrata afin de me frotter au pont du diable…

Timing idéal, en profitant de cette éclaircie pendant midi je n’ai croisé personne ce qui m’a permis de faire la boucle quasi-complète en environ 3 heures (hors « le Chemin de la Vierge », sans grand intérêt au regard de ce qui a précédé). Il n’y a pas à dire, c’est vraiment du TRES TRES TRES beau (et physique) parcours !

La suite de la journée fut consacrée à l’exposition sur le projet de liaison ferroviaire « Lyon-Turin » et au fort St Gobain, ouvrage de la ligne Maginot admirablement bien conservé et documenté. Bravo à l’association du musée de la traversée des Alpes.

J12 : dimanche 29 juillet : Mont froid - Topo

Ces alpages autour du refuge du petit mont Cenis étaient vraiment tentants. Retour donc au lac du mont Cenis, vers le col de Sollières et le mont Froid, ancien fort français du XIXème siècle.

J13 : Lundi 30 juillet : Râteau d’Aussois - Topo

Voici LA rando à faire dans le coin, le sommet à atteindre. Classique des classique, mais réservée tout de même à des randonneurs aguerris, il faut reconnaître que du haut de ses 3131 m le panorama est somptueux et la vue sur les écrins magiques.

Un seul regret : les marmottes promises sur le plateau du mauvais berger et les bouquetins du col de la Masse étaient absents (pourtant, il n’y avait pas de grève annoncée dans les services publics du tourisme..).

J14 : Mardi 31 juillet : A trop d’efforts, promenade vers les forts - Topo du fort de la Turra - Topo fort de Variselle

C’est pas tout, mais le bonhomme, y commence à avoir mal aux pattes à trainer ses guêtres (lesquelles sont d’ailleurs restées au placard) entre 15 et 20 kms par jour. Direction donc le fort de la Turra, au dessus du lac du mont Cenis, très belle rando familiale (ou de mise en jambes ou de repos, au choix du moment) mêlée à l’histoire de cette frontière historique. Le fort de la Turra (et ses parterres d’edelweiss à 2507 m d’altitude) s’atteint en effet en environ 1h00-1h15 (400 m de dénivelé).

Dans la foulée, petit saut au fort (italien celui là) de Variselle, terrain d’aventure très instructif sur le génie militaire mais à parcourir avec grande prudence, quelques puits d’oubliettes faisant partie du décor....

J15 : Mercredi 1 août : refuge de la Femma : le paradoxe du cœur de cœur du Parc - Topo

Plus isolé, on trouve toujours (en haut d’un nid d’aigle par exemple), mais celui-ci commence à être pas mal, bien enfoncé dans le vallon de la Rocheure, pratiquement au centre du parc national de la Vanoise, dans cette échancrure au milieu des hautes crêtes.

L’accès y est pourtant aisé, bien qu’un peu long, avec une piste carrossable finissant en un bon sentier tout du long, sans beaucoup de dénivelé.

C’est d’ailleurs là l’un des paradoxes du PNV : vouloir autant réglementer le parc et y implanter une usine à touristes, avec le parking, digne d’un hypermarché, de Bellecombe situé en zone cœur du Parc et des navettes qui amènent les touristes jusqu’au pont d’Entre deux Eaux et Plume Fine….

Bon, finalement, passé le premier lac les touristes s’effacent mais il faut attendre d’être vraiment au refuge pour profiter pleinement des occupants en titre des lieux : les marmottes.

Dans la série des paradoxes, un article, certes un peu engagé, mais intéressant sur l'idée d'une liaison des domaines skiables Bonneval / Val d'Isère

J 16 : Jeudi 2 août : Ouille les jambes, l’Ouille noire - Topo

Facile d’accès, certes, mais long quand on ne prend pas la navette, le refuge de la Femma et ses 24 km laisse des traces.

Direction donc le col de l’Ouille, au dessus du col de l’Iseran, belle ballade d’altitude, facile d’accès et rapide même si à cette hauteur là il ne faut pas négliger que le vent peut être froid.

Je donne un carton rouge à la station de Val-d'Isère pour la non intégration de ses remontées mécaniques au paysage : il faut croire que les housses de protection blanches sont faites exprès pour attirer l'oeil...

Direction opposée ensuite, vers Modane, prendre enfin le temps de visiter l’exposition consacrée au laboratoire souterrain de Modane : des expériences sur la physique des particules à l’abri des rayons cosmiques, je ne pouvais pas laisser passer ça !

Ce qui est bien, c’est qu’en sortant on peut aller à la maison penchée, on n’est pas trop dépaysé. Il s’agit d’un ancien bunker germanique gardant l’entrée du tunnel ferroviaire du Fréjus qui, lors du minage de la tête du tunnel a décollé pour venir se planter sur un coin, comme il est aujourd’hui.

Dans le même secteur, un peu plus haut, on ne manquera pas le second site de l’association du musée de la traversée des Alpes, le musée du tunnel ferroviaire du Fréjus.

Juste en dessous il y le centre de secours principal de Modane, mais…c’est les vacances.
P1030089 P1030092 P1030095 P1030096 P1030101
27 belle pièce !
Z'auraient pas pu faire encore plus discret ! La maison penchée CSP Modane
Z'auraient pas pu faire encore plus discret ! La maison penchée CSP Modane

J17 : Pointe du Lamet, Lamet plus haut - Topo

The last but not the least…les 3504 m de la pointe du Lamet, dont un guide m’a confirmé qu’elle était accessible en randonnée, constituent un bel objectif final de ce séjour. Dur de monter plus haut !

Un dernier au revoir aux marmottes, aux edelweiss et il faut maintenant rentrer, avec peu de regrets, peut-être juste celui d’être resté à l’antécime de cette pointe, croyant être au sommet.

Voici un peu plus de deux semaines bien occupées, avec un compteur indiquant 215 kms et 14 000 m de dénivelé…

J18 : du bitume, de l’eau et de la spiritualité

Petit crochet au retour par l’abbaye d'Hautecombe et un tour du lac du Bourget. Brutal retour à l’autre civilisation, celle des poulettes en bikini bronzant sur leur hors-bord.
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